• Hors catégorie : Jamais d'autre que toi

    Hors catégorie : Jamais d'autre que toi

    Voici un « petit premier roman » hors catégorie de 757 pages ! … mais ne partez pas : il se lit d’une seule traite… C’est un roman d’amour, enfin, pas que !

    *

    Nous sommes dans le Nord-Est de la France, juste après la guerre, dans les années 1945-50.

    Au sein d’un même village, deux familles rivales : Les Bonnenfant et les Gautier. A l’image de Roméo et Juliette, Maximilien et Emma s'aiment en secret depuis l'enfance. Les années passent et, à la veille de son départ pour le service militaire, le jeune homme fait promettre à sa bien-aimée de l’attendre pour l'épouser à son retour.

    La vie s’écoule, paisible, dans une France paysanne.

    Mais un obstacle majeur se dresse sur le chemin des deux jeunes tourtereaux : Romain nourrit une haine si intense envers son frère aîné qu'il est bien décidé à lui retirer tout bonheur ; profitant de son absence, il manipule habilement son entourage et force Emma à devenir sa femme.

    Je vous passerai les scènes de violences, de viol, de mesquinerie féminine….

    Que de colère et d’impuissance m’ont inspirée ce livre ! Si Romain est révoltant, Emma est déconcertante…. Dans un premier temps, elle m’a beaucoup énervée ; ses jérémiades et ses pleurs m’ont agacées et ses protestations ne me semblaient pas à la hauteur des enjeux (elle engageait sa vie, nom de Dieu ! Un peu plus de nerf, fuyons !). Et puis, m’étant un peu égarée moi-même, j’ai reconsidéré le contexte : le poids culturel de l’époque, les mœurs, la loi du patriarche, les cancaneries villageoises, destructrices et insupportables, et surtout, la place de la femme dans la société…

    Les personnages sont si déroutants, mais si vivants….

    L’entourage est si malléable que ça en devient désolant.

    J'ai été prise aux tripes, et malgré tout, j’ai continué à lire… parce que j’avais besoin de savoir. Ce roman est puissant, le style est vif et souvent cru, sans tourner autour du pot, comme on dirait.

    Pour les plus jeunes, la soumission et la faiblesse d’Emma peuvent déranger ; on se demande, à juste titre, pourquoi elle ne part pas ; elle pourrait faire ses valises et s’enfuir. Mais pour aller où ? N’oublions pas que nous sommes « après guerre » et que la Femme n’a encore aucune marge de liberté, d’autant plus qu’elle vit dans un petit village rural, loin de toute modernité et au bon vouloir de tous les commérages possibles : la femme doit obéissance à son père, à son frère, à son mari. Elle n’a le droit de travailler que si « l’homme » l’accepte ! Ah, j’oubliais : la place de la belle-mère….

    Ce livre nous plonge dans la toute-puissance masculine, et oui, c’est sûrement cela qui m’a terriblement dérangée...

    On peut se demander comment l’auteur a pu écrire autant de cruauté à l’encontre de la très jeune Emma. Mais rassurez-vous, tout rentre dans l’ordre et l’honneur est sauf !

    Puisque, vous l’avez bien compris, la femme est l’honneur de la famille, dans une société archaïque.

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