• Catégorie 38 : La couleur du lait

    Catégorie 38 : La couleur du laitCatégorie 38 : un livre avec un lit sur la couverture

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    « ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main » , ainsi commence le récit de Mary, jeune paysanne de 15 ans.

    Nous sommes en 1831, dans la campagne anglaise du Dorset et Mary entreprend d’écrire son histoire.

    « mon père habitait dans une ferme avec ses quatre filles et de ces quatre filles j’étais la dernière »

    La vie dans la ferme est misérable, un père violent avec toutes les femmes qui l’entourent et s’activent dans la peur, une mère trop effacée – mais le peut-on moins avec un mari aussi brutal – et trois sœurs anéanties par le labeur ; pourtant Mary ne se plaint pas de la dureté de ses tâches de paysanne, parce que le grand-père, infirme et âgé, relégué dans un réduit, lui apporte toute l’écoute et tout l’amour dont elle a besoin et qu’elle ne trouve pas auprès de ses parents. Catégorie 38 : La couleur du lait

    La vie s’égrenait au fil des saisons et des corvées de la ferme, jusqu’au jour où l’adolescente est envoyée chez le pasteur Graham, louée afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et malade, mais pleine de douceur. Pourquoi Mary et pas l’une de ses sœurs aînées ?…. peut-être à cause de sa boiterie.

    Son monde bascule, mais Mary y apprend la bienveillance et l'obéissance auprès de sa nouvelle maîtresse ;  mais avec le pasteur, elle découvrira les richesses de la lecture et de l'écriture mais surtout l'avilissement et l'humiliation.

    « je m’appelle mary et j’ai appris à écrire mon nom. m.a.r.y. ce sont les lettres de mon nom. je vais vous raconter les choses telles qu’elles sont arrivées mais je ne veux pas me précipiter comme les génisses au portail sinon je vais m’empiéger et de toute manière vous préférez sûrement que je commence par là que les gens commencent en général ».

    Mary est une paysanne, simple, franche, honnête, avec un sens de la répartie qui agace son entourage. On serait tentée de la traiter de « simplette », mais au fil du récit, elle s’avère lucide et impitoyable.

    « si c’est ce que je pense je vois pas pourquoi je le dirais pas. »

    Catégorie 38 : La couleur du laitInutile de vous préciser que j’ai beaucoup apprécié ce livre, même si, au début l’écriture du texte m’a déroutée : texte sans ponctuation, pas de majuscule en début de phrase, pas de tiret ou de guillemet pour les dialogues.

    Mais l’histoire l’a emportée sur l’écriture et j’ai dévoré ce livre ; les réparties de Mary pouvaient même me faire rire :

    « ce sont tes seules affaires, je crois ?

    j’ai qu’un corps pour les porter. »

    N’allez pas croire que l’histoire est drôle ; Mary est attachante, et tristement surprenante. Elle acquière de l’assurance au fil de son récit, mais la fin est bouleversante.

    Nous sommes au début du 19ème siècle, une époque – et pour longtemps encore – où l’autorité des pères et des pasteurs est incontestée. Il aura fallu quatre saisons pour que la vie de Mary bascule dans l’horreur.

    « mes cheveux ont la couleur du lait
    je m'appelle Mary
    m.a.r.y. 
    j'ai décidé de commencer au commencement et de finir à la fin
    . »

    La fin - sa fin - m’a laissée sans voix.

    *

    L’auteure Nell Leyshon est née en 1962 à Glastonbury, dans le comté du Dorset au Royaume-Uni.

    Elle a grandi dans le Somerset, et a passé la moitié de son enfance à Glastonbury, et l'autre moitié dans un petit village agricole au bord des Somerset Levels. Elle a eu une éducation mixte et a fini par fréquenter une école d'art pendant un an avant de déménager à Londres. Catégorie 38 : La couleur du lait

    Une première carrière la propulse comme assistante de production puis productrice dans des publicités télévisées.

    Elle s’exile une année en Espagne pour passer du temps avec son compagnon.

    De retour en Angleterre, elle fréquente l'Université de Southampton pour reprendre des études. Ce n'est qu'après la naissance de son deuxième enfant en 1995 qu'elle se lance sérieusement dans l’écriture.

    Elle a ensuite décidé d'utiliser ses compétences en enseignement pour travailler avec des communautés marginalisées, notamment des toxicomanes en rétablissement, des utilisateurs de services de santé mentale, des gitans et, au Labrador, des peuples autochtones. Elle a enseigné et encadré l'écriture créative et la performance, en se concentrant sur le développement des compétences et de l'estime de soi, et, toujours, dans le domaine de l’écriture. En 2018, elle fonde The Outsiders Project, une « plateforme indépendante promouvant l'inclusion et la diversité au sein de la culture et de la communauté du plein air ». (Wikipedia)

     

    Son site officiel : https://www.nellleyshon.com/

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