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Nina RICCI (1883 - 1970)
« La création de la maison Nina Ricci en 1932 représente un cas unique dans l’histoire de la haute couture. Généralement les maisons sont fondés sur l’ego d’un créateur ou l’originalité d’un style, celle-ci est née d’un couple formé par une mère (Nina) et son fils (Robert). Ce tandem créatif impose une griffe depuis une dynastie de parfums dans un climat de tendresse et d’estime. Complémentarité entre passion et raison, créativité et lucidité. C’est une belle success-story aux accents piémontais ».
Maria NIELLI dite « Nina » est née le 14 janvier 1883 à Turin, d’une famille de cordonniers de père en fils.
Son père décède précocement et Nina est placée en apprentissage, à 12 ans, dans un atelier de couture ; déjà elle étonne en « créant du minuscules chapeaux parés d’accessoires en miniature qu’elle confectionne avec tout ce qui lui tombe sous la main. »
A 14 ans, elle monte à Paris rejoindre sa sœur, mercière à Montmartre. Elle débute alors comme « petites mains » dans la maison de mode « Bloch et Bakry ». D’une habilité prodigieuse, elle gravit rapidement les échelons : à 18 ans, elle est première d’atelier, à 25 ans première modéliste. Elle travaille ensuite pour l’enseigne « La Religieuse », maison installée place de la Madeleine.
D’une brève union avec un bijoutier florentin, Luigi Ricci, décédé en 1909, nait un petit garçon en 1905 : Robert. Madame Ricci décide alors de se lancer et crée ses propres modèles pour les vendre aux grands magasins.
Elle a 25 ans lorsqu’elle entre dans la maison Raffin ; elle y restera 25 ans ! Désormais associée, elle travaille pour « Raffin et Ricci ».
A 33 ans, elle se marie à Gaston Morel….
« Raffin et Ricci vend essentiellement des prototypes et dispose d’un réseau de couturières en province qui achètent ses patrons ». Son associé mort en 1929, madame Ricci se retrouve seule avec son fils Robert pour faire face à la crise.
A 26 ans, Robert est devenu un brillant publicitaire et a co-créé les « Studio Harcourt ». Il va donc prendre la direction commerciale de la maison de couture et pousse sa mère à s’installer rue des Capucines. En 1932, Nina connaît la vogue.
Volontairement, Robert conseille à sa mère d’habiller plutôt les bourgeoises fortunées que les duchesses et les stars. D’ailleurs, d’autres maisons de couture s’en accommodent très bien….
Rapidement, Nina s’impose dans la confection des petites robes d’après-midi ; les provinciales en raffolent. « On l’apprécie pour ses modèles seyants et ses propositions sages et raffinées, car elle a l’art de placer un nœud, de draper un décolleté mais surtout d’habiller les femmes sans les encombrer ».
(...) « allongé, musclé, aminci, souvent halé par le grand air et la pratique du sport, c’est lui (le corps) qui désormais dicte sa forme à la robe et plus l’inverse comme à la génération précédente (…). Une indécelable combinaison de rayonne ou de soie se glisse entre la robe et la peau ».
Contrairement aux autres couturiers des hautes élégances, la maison Nina Ricci niche dans une rue sans éclat – rue des Capucines – à deux pas des grands boulevards qui se démodent, mais toujours proche de la place Vendôme.
Pour Nina, l’essentiel est de donner tout son éclat à la simplicité. Au fil de ses collections, revient sans cesse l’éternel ensemble trois pièces : jupe, chemisier et veste. A chaque toilette, un chapeau est assorti. Mais la guerre impose le « pratique » ; par exemple, la plupart des robes sont fendues, pour monter plus aisément à byciclette, mais avec élégance.
En 1940, la maison Vionnet a fermé ses portes ; Schiarapelli et sa fille se sont envolées pour les Etats-Unis ; Chanel s’est réfugiée dans le Sud de la France ; mais Nina Ricci a pris le parti de rester sur Paris.
Après les rigueurs de la guerre et un travail acharné par manque de matières premières, vient le temps de la Libération. Le couple mère-fils se lance dans la parfumerie, soucieux de légèreté et de douceurs, après tant de privations. En 1948, « l’air du temps » est le premier parfum d’une longue série.
Mais Nina prend de l’âge… Si son fils Robert, bourreau de travail, est un excellent administrateur, Nina reste seule maître des créations. IL faut donc penser à une succession ; le liégeois Jules François Crahay prend le relais, à la demande de Robert, et c’est un triomphe en 1959 ! Nina se lance alors dans l’accessoiration.
Or, grisé par son succès, Crahay quitte Nina pour Lanvin en 1963…. Le coup est rude. A dater de cette trahison, ce sont les parfums qui font vivre la couture et non plus l’inverse.
En 1970, Nina Ricci s’éteint en toute discrétion.
En 1987, son fils Robert crée le parfum « Nina » en hommage à sa mère.
Pour en savoir plus :
Pub Nina Ricci (1)
Pub Nina Ricci (2)
Tags : nina, ricci, couture