-
Les putes voilées n'iront jamais au paradis : hors challenge
Ce livre pourrait valider une seconde fois la catégorie 27, mais c’est chose faite ! J’ai toutefois voulu en savoir un peu plus sur cette auteure….
*
Chahdortt Djavann, est une romancière, essayiste et consultante internationale, française, mais d’origine iranienne.
En persan, son prénom signifie « fille de roi ».
Chahdortt Djavann est ce que je qualifierai de « battante » ; son père l’a élevée « dans l'amour des livres et la détestation des mollahs ». Sa vie va basculer à l’arrivée de Khomeyni au pouvoir en 1979 et contraint sa famille à l’exil.
En juin 1980, alors qu'elle a 13 ans, elle est incarcérée pour avoir manifesté contre ce régime religieux et totalitaire. Étudiante, elle fuira en Turquie, cherchera à entrer à l’Université américaine et contractera, en 1993, un mariage blanc avec un réfugié politique pour décrocher son visa pour la France, visa limité à trois semaines. Elle arrivera en France en 1993 sans être francophone.
Elle apprendra le français en étudiant les manuels de Lagarde et Michard, en lisant d’un bout à l’autre le Robert et les œuvres de Maupassant, de Camus, de Gide, ou encore de Romain Gary... Elle se familiarise avec nos plus grands auteurs et, tout en effectuant des petits boulots pour vivre, elle commencera des études universitaires en psychologie sociale et en anthropologie.
Elle écrira son 1er livre en 2002 et ne cessera jamais de dénoncer l’endoctrinement religieux et l’islamisation du système éducatif iranien.
*
Car Chahdortt Djavann n’a jamais oublié son pays d’origine…. Elle a besoin de raconter….
« L’élimination des femmes de rue continua. Chaque fois qu’on découvrait une femme gisante, la police prétendait l’avoir arrêtée, condamnée à quatre-vingt, cent, deux cents…. coups de fouet, à six mois, huit mois, un an … de prison avant de la relâcher après un ultime avertissement. Toutes des putes.(…) La prostitution n’a jamais été aussi répandue dans le pays à cause de la pauvreté de l’immense majorité de la population, du trafic de la drogue, en particulier l’opium et l’héroïne. »
Chahdortt Djavann a viscéralement besoin de témoigner de la vie quotidienne des femmes en Iran. Au travers du destin de Soudabeh et de Zahra, deux gamines d’une douzaine d’années, elle dénonce la vie des femmes de son pays, des prostituées assassinées de Mashhad, Téhéran, Kerman, Qom, Shiraz, Ispahan…. Des femmes monnayées comme de vulgaires marchandises par les hommes, des maris, des pères, des frères qui ont droit de vie et de mort sur leur épouse, fille ou sœur. Des femmes massacrées, lapidées, pendues, dont personne ne réclame le corps. Des femmes étranglées avec leur foulard, anonymes, abandonnées dans le caniveau… « Vous voulez connaître une société ? Faites parler ses prostituées ! Vous découvrez tout sur les gens, sur leur culture, leurs coutumes, leurs préjugés, leurs croyances, sur les violences sociales, sur le commerce, la politique et même sur le système judiciaire… Parmi les clients des putes, il y a des hommes de tout rang et de tout milieu. »
Ce récit est vrai, aux scènes violentes et racontées sans filtre. Les discours sont choquants, bouleversants et confirment la folie islamiste : la haine de la chair et du corps féminin, la diabolisation du plaisir, l'obsession mâle pour une sexualité débridée et brutale.
« Une femme vertueuse est une femme invisible. Un tchador noir que rien ne distingue des autres tchadors. Un tchador seul, sur une route déserte, si austèrement fermé qu’il soit, se fait remarquer, il s’y cache donc une pute.
Si ce livre est indéniablement une critique du gouvernement de la République islamiste d'Iran, il expose surtout la condition des femmes dans ce pays et la ségrégation sexuelle dont elle font l’objet.
Tags : femme, pute , chahdortt, conditions, Iran, tchador