• Coco CHANEL (1883 – 1971)

    Coco CHANEL (1883 – 1971)Féministe dans l’âme, Mademoiselle Gabrielle Bonheur Chanel a habillé son époque et cousu sa légende.

    D’origine cévenole et très tôt orpheline de mère et abandonnée à 12 ans par son père, Coco dira : « j’ai gardé noirs mes cheveux pareils à une crinière de cheval, mes soucis noirs comme nos ramoneur, ma peau noir comme la cave de nos montage, mon caractère noir comme le cœur d’un pays qui n’a jamais capitulé ».

    Abandon, pauvreté, humiliation : de ce triste constat, elle gardera à la fois une faiblesse mais aussi une force, la peur d’être à nouveau abandonnée et un farouche désir de violence.

    Blanc et noir, toujours : le blanc des cornettes et le noir de la bure des religieuses, le sarau noir des enfants pauvres du couvent d’Aubazine où elle a été enfermé ? La rigueur de l’uniforme humiliant a très certainement contribué à rendre important « le vêtement » dans la vie de Coco Chanel.

    A Moulins, au pensionnat de Notre-Dame, elle retrouvera celle qui va l’accompagner toute sa vie : Adrienne Chanel, sa tante. Elle y apprendra surtout « le pointilleux métier de couseuse ».

    Moulins n’est pas uniquement une ville de couvents mais étalement une garnison ; sa beauté ne laisse pas indifférent les régiments de cavalerie. Dans les « cafés-chantants » ouverts aux distractions de l’armée, elle s’essaye à la chansonnette. Elle y apprend à voltiger, à faire des pirouettes et rencontre Etienne Balsan ; ce demi-mondain l’arrache à son enlisement provincial.

    Coco CHANEL (1883 – 1971)

    En 1906, elle s’installe à Royallieu et devient « le flirt incognito d’un rentier soucieux de ménager son épouse, sa famille ou tout simplement l’équilibre social ». Coco Chanel découvre alors une vie oisive de plaisirs et de châteaux, de belles manières, de bijoux, de fêtes et de déguisements.Coco CHANEL (1883 – 1971)

    A cette époque, galanterie ou mariage sont les deux seuls choix possibles pour une jeune fille, belle mais pauvre. Mais Coco est ambitieuse et tient à son indépendance. Elle ouvre une boutique de modiste à Compiègne et, sous l’œil amusé d’Étienne, commence à créer des chapeaux pour des amis.

    En 1909, elle déménage à Paris, dans une garçonnière, boulevard Malesherbes ; pour approvisionner les Galeries Lafayettes en chapeaux arrangés, fignolés et garnis, elle emploie deux modistes.

    En 1910, Étienne finance une nouvelle boutique, en entresol au 21 de la rue Cambon, puis laisse sa place à Boy Capel, un jeune et bel anglais cultivé.

    Coco n’a qu’une idée en tête : « alléger la femme de la tête aux pieds » et « ne ressembler à personne, surprendre, étonner ».

     Coco CHANEL (1883 – 1971)Coco CHANEL (1883 – 1971)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Elle regarde autour d’elle et ne voit que des femmes « qui portent sur leurs coiffes apprêtées et bouffantes, des monuments de velours, de tulle, de dentelles, ornées d’aigrettes, de fruits, de fleurs, de choux satinés, d’immenses chapeaux sous lesquelles elles se raidissent (…) ce sont des dames d’ameublement ».Coco CHANEL (1883 – 1971)

    Juillet 1914, Boy est mobilisé. Coco en profite pour mettre à profit son projet de longue date : créer son premier vêtement sportwear. L’époque n’est plus aux falbalas mais au pratique. Coco veut qu’une robe « aille » à une cliente, qu’elle s’y sente à l’aise. C’est bien la première fois qu’à propos d’une robe, on se préoccupe de celle qui la porte !

    1915, Coco ouvre une maison à Biarritz, face au casino ; le succès ne se fait pas attendre et l’hiver 1916, elle va lancer le « jersey ».

    Dans un mouvement de révolte – Boy épouse une fille et belle-fille de Lord en octobre 1918 – elle coupe sa longue chevelure noire qui descendait jusqu’aux hanches. Elle dira plus tard : « une femme qui se coupe les cheveux est une femme qui s’apprête à changer de vie ». Elle part s’installer, désormais seule au monde, au 31 rue Cambon ; désormais « la Révolution Chanel » est en marche.

    Coco CHANEL (1883 – 1971)« En coupant leurs cheveux, en jetant aux orties les guipures et les pantalons de leurs grands-mères, en revêtant des robes en jersey, les robes du soir courtes, les pantalons de marins, les petits ensembles de tricot pratiques qui permettent d’être élégantes du matin au soir, les femmes des années 1920 n’affirment pas seulement leur désir d’une mode nouvelle, mais encore d’une nouvelle vie. On a accusé Chanel d’avoir inventé le style garçonne. C’est inexact. Les garçonnes sorties du roman à scandale de Victor Marguerite vivent la nuit. Or le premier mérite de Chanel est d’avoir imposé le tailleur du matin. »

    Mais la mode ne se fait pas en un jour…

    1921 est la mode des cheveux courts. 1922 voit brusquement les jupes s’allonger alors même que la taille descend très bas. 1923, la robe se raccourcit de nouveau et 1924 encore davantage. 1925, le pijama « coco » est très prisé.

    1919-1930, la mode a des hauts et des bas ; mais les femmes se veulent plus indépendantes, elles travaillent, font du sport, conduisent une voiture…

    Chanel a lancé un nouveau type de femme. L’excentrique Poiret disait de la créatrice : « coco a inventé un style : le misérabilisme de luxe ! » Désormais, la mode descend dans la rue.Coco CHANEL (1883 – 1971)

    Elle supprime les épaulettes et lance le « twinset », une jupe avec un pull-over et cardigan. Si Chanel ose, les autres imitent. Elle impose l’aisance des mouvements et tire de la pénurie d’après-guerre un surcroît de style et d’invention.

    Pour Coco Chanel, l’art de la couture est de savoir mettre en valeur. Elle est désormais la reine incontestée de la mode parisienne. Elle se lance dans les parfums, car « l’odeur féminine fait partie intégrante du vêtement ». A Grasse, elle rencontre Ernest Beaux, le « nez » le plus célèbre d’Europe. Sa martingale sera le 5 !

    1926, elle crée la petite robe noir, une robe sans col, en crêpe de chine noire avec des manches longues et très étroites, un haut blousant jusqu’aux hanches et une jupe moulante.

    Coco Chanel a la plus grande indulgence pour les artistes et se livre volontiers au mécénat. Chacune de ses collections est le reflet de ses idylles du moment : Igor Stravinski, le grand-duc Dimitri de Russie, Jean Cocteau, Pierre Reverdy….

    Chanel n’ignore pas les relations profondes qui existent entre l’art et la mode, mais « la couture est une technique, un métier, un commerce... »

    Coco CHANEL (1883 – 1971)L’intrusion d’un aristocrate anglais, Richard Arthur Grosvenor, duc de Westminster, va bousculer « un certain ordre des choses ». Ce bel homme qui s’ennuie vite trouve chez Coco « une source inépuisable de fantaisie et une vitalité réconfortante ». Mais « à sa couronne de duchesse, Coco préfère sa toge de grande prêtresse à la mode ». De cette « inspiration » britannique, elle en ramènera le « tweed » et impose le béret sous toutes ces formes.

    Si son visage se marque avec le temps qui passe, sa créativité ne s’épuise pas.

    Championne des bijoux fantaisie, Coco se lance en 1932 dans une collecton de Joaillerie, avec des diamants, purs et blancs. Et elle rencontre le dernier de ses amants : Paul Iribe, Iribarnegaray de son nom complet, illustrateur, décorateur, amoureux et avant-gardiste de luxe.

    A l’annonce de la guerre en 1939 a raison de son enthousiasme ; elle met la clef sous la porte rue Cambon. Et durant quatorze longues années, elle va s’enfermer dans la solitude de son somptueux deux pièces au Ritz. Seule ? Pas vraiment, puisqu’elle s’éprend vite d’un diplomate nazi, le bel aryen Hans Gunther Von Dinklage, dit « Spatz » pour les intimes…. Le côté obscur de son histoire, une période très occulte avec zones d’ombres inexpliquées.Coco CHANEL (1883 – 1971)

    Après la guerre, elle s’impose un exil en Suisse. Pendant ce temps, Pierre Balmain puis Christian Dior règnent sur le monde de la couture.

    « Contre toute logique, sa mode tournant le dos aux simplifications entreprises dans l’entre-deux-guerres, emprunte au Second Empire et à la Belle Epoque bustiers, guêpières ou crinoline, un style déstructuré, orné, monté comme une architecture aux métrages impressionnants de tissus aux milliers d’heures d’un travail minutieux. Jupes à la chevilles, talons hauts, capelines, gants longs… la femme-objet triomphe à nouveau ! »

    Alors Coco décide de rouvrir sa maison de couture et affirme à qui veut bien l’entendre que, si elle reprend le collier, c’est uniquement par révolte contre le mauvais goût des nouveaux couturiers.

    Février 1954, le retour sur la scène est un fiasco ; les vêtements de 1938 sont démodés et sont le reflet d’un passé obsolète. Et pourtant, le tailleur « Chanel » fait le tour du monde.

    Aussi vieille soit-elle, Chanel traîne avec elle une aura d’une extraordinaire élégance, «  ce goût de l’ultime simplicité qui mène au luxe suprême ».

    Coco CHANEL (1883 – 1971)Et comme elle dit : « la mode passe, le style reste. La mode est faite d’une idée amusante à brûler tout de suite. Le style reste… comme un arbre. C’est le même arbre, mais à chaque printemps, il est différent. Les gens disent qu’on ne change pas, mais ce sont eux qui ne voient plus... »

    Un détail frappe chez la couturière : aucune robe de mariée n’est présente dans les défilés. « Le morceau de bravoure traditionnel des grands couturiers est banni de sa collection (…). Cet uniforme de la légalité bourgeoise, il faudra le chercher ailleurs que chez Coco. »

    Son style influence toute la couture française, du moins jusqu’aux années 1960 ; ensuite la mode s’emballe : la minijupe, la maxijupe. Mais Coco se tient à l’écart des Courrèges, Cardin, Paco Rabanne… Seuls Hubert de Givenchy et Yves Saint Laurent trouvent grâce à ses yeux.

    Les mains déformées mais toujours actives, le caractère affirmée qui s’aigrit avec le temps, ses colères épouvantables et ses exigences sans limite, Coco s’éteint un dimanche soir, seule dans sa chambre du Ritz.

    Le mystère Chanel, c’est à la fois « son assurance étonnante, son orgueil démesuré qui fouette sa timidité maladive, son sens inné pour discerner les talents réels, sa capacité prodigieuse à déceler, à prévoir l’évolution de son époque ».

    La vraie mesure de Chanel est dans cette contradiction : « j’étais faite pour être femme de harem », un besoin d’amour absolu caché sous un caractère de fer...

    Pour en savoir plus :

    Mode et Histoire : la Maison ChanelCoco CHANEL (1883 – 1971)

    Chanel ou la réinvention de soi

    Coemodia Illustré – Chapeau Chanel

    Les pièces signatures de Gabrielle Chanel décryptées par une spécialiste (Vogue)

    Elle Australia – 23 photos de Coco

    Style : Ce que la mode a hérité de Coco Chanel

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