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Madeleine VIONNET (1876 - 1975)
Architecte de la couture, Madeleine Vionnet s’inscrit dans la recherche constante d’une harmonie entre le corps et le vêtement.
D’origine jurassienne, Madeleine Vionnet est fille de sabotier et d’une couturière. Après des études brillantes à l’école et l’obtention du certificat d’études, Madeleine est envoyée par son père en apprentissage à Aubervilliers. A 12 ans, elle travaille donc près de 10 heures par jour et se révèle aussi douée pour la couture que pour les études.
Elle s’expatrie ensuite à Londres, après une existence douloureuse (elle a perdu sa fille à 9 mois et a dû subir les affres d’un divorce) où elle complète son apprentissage en assimilant la technique des grands tailleurs anglais. Elle côtoie des femmes à l’élégance sure mais aussi à l’extrême richesse.
A 25 ans, elle revient sur Paris. Elle commence à créer des modèles qui n’ont rien à voir avec la mode du moment ; attirée par l’architecture grecque, elle aime l’effet de l’ampleur. En 1906, ses robes font scandale. Mais en 1912, elle décide de voler de ses propres ailes et installe « sa maison » au 222 rue de Rivoli, suivie par un petit noyau de fidèles.
Elle est contrainte de fermer ses ateliers durant la guerre, mais les rouvre en avril 1918, prête à imposer sa modernité.
Son objectif « faire un tout de la femme et de la robe (…) sens des étoffes, biais, recherches précises, coupes, proportions, équilibre... » Elle sera d’ailleurs la première à couper le tissu en diagonale.
Si Chanel efface les contours du corps, Vionnet les exalte.
Si Chanel est une styliste, créatrice de l’uniforme moderne et de la silhouette fonctionnelle, Madeleine Vionnet est une puriste, une technicienne hors paire.
Elle confesse : « ma tête est une véritable boite à ouvrage. IL y a toujours des ciseaux, le fil, des aiguilles. Même quand je me promène dans la rue, je ne peux m’en empêcher, je regarde comment sont faites les robes des passantes. Même les vêtements des hommes ; je me dis : si pour donner plus de carrure, on mettait une pince là ! »
IL règne dans ses ateliers un esprit social comme nulle part ailleurs. Certes le travail y est très dur, mais le personnel chante…. « Tout est strictement hiérarchisé : apprentie, arpète, petite main, seconde main, seconde d’atelier, première d’atelier ». Et les ateliers :
- l’atelier du flou : travail dans le biais, exécution des nervures, des fronces, des volants, des ourlets roulottés, des surjets….
- l’atelier du tailleur
- l’atelier des chichis : confection des ganses, des entre-deux, nœuds divers….
Les ouvrières bénéficient d’avantages : soins médicaux, dentiste, bibliothèque, crèche…
Soucieuse d’honorer ses origines provinciales, Madeleine Vionnet s’oppose au « snobisme parisien et avant-gardiste de Coco Chanel. Pas de prince ni de lord dans sa vie privée (…) le seul grand artiste dont elle est proche est le maître verrier et bijoutier René Lalique.»
Au printemps 1930, une nouvelle silhouette est en train de s’imposer : un corps sans taille, sans épaisseur, tout en longueur. En 1934, Madeleine Vionnet décide d’abandonner l’inspiration hellénique pour une tendance plus romantique.
Avec la guerre, le vent tourne. Madeleine Vionnet ferme ses ateliers : burn out ? Peut être, toujours est-il que la créatrice prend sa retraite en 1940 ; durant trente ans encore, elle va vivre dans un semi-oubli pour s’éteindre en 1975, sans mari, sans enfant.
Pour en savoir plus :
Madeleine Vionnet, sculpter les apparences (France Culture)
Madeleine Vionnet et ses inventions géniales
Madeleine Vionnet, moderne avant tout
Madeleine Vionnet ou l’histoire d’une pionnière
Madeleine Vionnet, la puriste de la mode
Robe du soir (Palais Galliéra)
Madeleine Vionnet, architecte du tissu (Gallica)
Tags : vionnet, madeleine, ateliers, robe