• Catégorie 29 : mille petits riens

    Catégorie 29 : un roman qui aborde le thème de la maternité

    Une lecture que vous ne pourrez pas oublier...

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    De nos jours, aux Etats-Unis.

    Afro-américaine, Ruth Jefferson est une sage-femme appréciée et respectée de tous ; elle travaille depuis plus de vingt ans, élève seule son fils de 17 ans, Edison, excellent élève, inscrit dans un collège d'Américains blancs ; mais par cette belle journée d’octobre 2015, Ruth est loin de se douter que sa vie va totalement basculer.

    Malgré son professionnalisme et sa pugnacité à ranimer le petit Davis, le nourrisson décède brutalement ; il est le premier-né de Brittany et Turk, un jeune couple de suprémacistes blancs.

    « L’espace de quelques instants, je ne comprends sincèrement pas. Puis la réalité me percute aussi violemment qu’un coup de poing : ce n’est pas ce que j’ai fait qui les dérange.

    C’est ce que je suis. »

    Pourtant, son fils Edison a déjà tout compris : «  en dehors de Rosa Parks et du Dr King, c’est le vide total ; tu as déjà entendu parler d’un frère nommé Lewis Latimer ? Il a dessiné des pièces de téléphone pour les appareils brevetés par Alexander Graham Bell et a travaillé comme dessinateur et expert en brevet pour Thomas Edison. Mais tu ne m’as pas donné son nom parce que tu ne savais même pas qu’il existait. Chaque fois que des gens comme nous font l’histoire, ils sont relégués en simples notes de bas de page. »

    Si la mère Brittany est effondrée, le père Turk devient incontrôlable, un abruti violent. Ruth est offusquée lorsque la haine et la colère des parents s'abattent sur elle.

    Les parents déposent plainte : la machine judiciaire est lancée et Ruth est inculpée pour homicide.

    « Ils m’ont attaché les poignets, juste comme ça, comme si ce geste ne réveillait pas deux siècles d’histoire qui se sont aussitôt répandus dans mes veines avec la force d’une décharge électrique. Sans penser un instant que je ressentirais ce qu’on ressenti mon arrière-arrière-grand-mère et sa mère, debout sur l’estrade pendant la vente aux enchères des esclaves. Ils m’ont menottée sous les yeux de mon fils, mon fils à qui je dis et je répète depuis le jour de sa naissance qu’il est bien plus qu’une couleur de peau.

    C’est plus humiliant encore que d’apparaître en public en chemise de nuit, que de devoir uriner dans une cellule privée d’intimité, que de se faire cracher dessus par Turk Bauer et que de laisser une inconnue parler à votre place devant un juge. »

    Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la Défense Publique. Le jour où elle rencontre Ruth, une sage-femme noire accusée d’avoir tué le bébé d’un couple raciste, elle se dit qu’elle tient peut-être là sa première grande affaire...

    On peut dire en effet que ce livre aborde le thème de la maternité, mais il ne se concentre pas exclusivement sur ce sujet. Le roman explore plusieurs thèmes complexes et interconnectés, dont la maternité en est un aspect important ; il examine les questions de race, de discrimination, de justice et de la complexité des relations familiales, y compris celles entre mères et enfants. Il explore les liens maternels, les sacrifices que les mères sont prêtes à faire pour leurs enfants, et la manière dont la société perçoit la maternité à travers des lentilles culturelles et raciales.

    Si ce roman demeure passionnant et très bien construit, il n’en est pas moins violent, dur, emprunt de haine, mais aussi de réalisme ; l’auteur Jodi Picoult aborde de front le racisme et l’hypocrisie qui en découle : un racisme sans filtre, aisément reconnaissable et condamnable, des suprémacistes blancs mais aussi un racisme plus subtil, caché au plus profond des préjugés, biaisant les comportements parfois les mieux intentionnés.

    Souvent choquant et cru, ce livre invite à la réflexion ; je peux dire que l’auteur a réussi le pari de faire entrer une lectrice blanche dans la peau d’une femme noire, où au travers de mille petits riens du quotidien, elle peut mesurer les stigmatisations perpétuelles des gens de couleur noire.

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    Pour en savoir plus :

    Pourquoi a-t-on la haine ? (France Culture)

    Les escadrons de la mort (Wikipedia)

    Etats-Unis : néonazis, suprémacistes blancs, anti-musulmans... Quels groupes forment "l'alt-right"

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